3 février 2015
A la lumière d'un parcours commencé en 1997 comme président de Télécom Bretagne (1997-2004), intensifié comme directeur Recherche & Technologies d'Alacatel impliquant administrateur de Supélec (1999-2004) et de l'ISEP (1999-2001), et culminant de 2004 à 2013 comme directeur général de Supélec, je vais aborder les trois défis que sont pour les écoles d'ingénieurs a) la transformation du cadre français de l'enseignement supérieur et de la recherche, b) la métamorphose numérique associée aux MOOCs et c) la mondialisation. Ces trois points interagissent et ce n'est que pour la clarté de mon propos que je les distingue.
De tout temps une école d'ingénieurs a été créée par des entreprises pour des entreprises, que les entreprises soient privées ou publiques. Le but est de donner aux élèves d'une part les connaissances et compétences immédiates pour être employables à la sortie de l'école et d'autre part les savoir-faire et capacités potentielles pour être dans 25 ans des « capitaines d'industrie » dans leur monde d'alors.
En ce début de XXIème siècle l'attente des employeurs est bien évidemment de recruter des ingénieurs opérationnels dans les domaines dont se réclament leurs écoles, mais avec en plus des accents de plus en plus marqués en matière d'innovation et d'international.
En effet, en ce qui concerne l'innovation, la recherche est désormais nettement moins internalisée dans les entreprises et celles-ci doivent donc être capables soit de formuler correctement les questions qu'elles demandent à la recherche d'étudier, soit d'évaluer les recherches faites dans des laboratoires pour savoir en piloter le transfert dans leurs unités de développement ou de production.
Par ailleurs l'international est désormais l'espace naturel des grands groupes et devient très rapidement un terrain de développement des petites et moyennes entreprises, notamment innovantes, qui ont besoin d'accéder à des marchés plus que nationaux. Pour l'établissement d'enseignement supérieur cela implique de développer sa politique d'échanges d'élèves et de professeurs avec des institutions internationales, et donc de s'adapter à leur « maille ».
Le contexte est celui de l'open innovation qui se nourrit d'interdisciplinarité, une interdisciplinarité bâtie non pas en cherchant à rendre chaque établissement de formation interdisciplinaire par lui-même mais en créant des passerelles et en partageant des dipômes entre établissements complémentaires (universités, écoles d'ingénieurs, écoles de commerce) : la notion de campus multiétablissement s'est imposé naturellement en France depuis le début des années 2000, bien loin des oppositions que rapporte une presse qui se plaît à gloser à propos de tensions peu fréquentes et naturelles dans un monde réel.
Un paramètre supplémentaire a joué dans la transformation du cadre national de l'enseignement supérieur : le SFRI – système français de recherche et d'innovation – était début des années 2000 à bout de souffle, comme l'a mis en évidence l'exercice de prospective FutuRIS (RIS pour Recherche Innovation Société) que j'ai eu la chance de diriger à l'ANRT -Association nationale de la recherche et de la technologie - en 2003-2004.
Un certain nombre d'initiatives gouvernementales a depuis vu le jour :